2018-2020

Restauration de la fontaine de la céramiste Françoise Bizette

Fontaine de Françoise Bizette, 1982

La fontaine en 1982

Fontaine de Françoise Bizette, 1982

La fontaine en 2016

Fontaine de Françoise Bizette, 1982

La fontaine restaurée 2020

L’historique

A Sèvres, à l’angle de la rue des Fontaines et de la rue Ernest Renan, l’habillage céramique et galets de la fontaine est réalisé en 1982 par Françoise Bizette pour la « Résidence des Fontaines », ensemble de petits immeubles construits sur l’ancienne propriété d’Annie Girardot/Bernard Fresson.

Le nom meme de Sèvres fait référence à l’eau, et « Les Fontaines » est le nom du lieudit. Installer une fontaine au pied de cette résidence, nouvellement construite était donc justement adéquat. L’architecte, M. Hacq, voisin de F. Bizette, rue de l’Ermitage, lui demanda, au nom de la municipalité, de réaliser une reuvre d’art « dans le cadre du 1 % culture! ». Celle-ci conçut la fontaine revetue de céramique.

A son inauguration, l’eau qui jaillissait des « buses » était l’eau potable de la ville, perdue à l’issue de la vasque.
Rapidement, cette déperdition d’eau fut considérée comme inacceptable, le robinet est fermé et la vasque remplie de terre à rosiers.

De 1984 à 2018, le revetement céramique et les « buses » en terre cuite sont cassés, dégradés par le gel, le stationnement des deux-roues motorisés ou non et les tentatives d’escalade nocturne.

En 2015, beaucoup de Sèvriens avouent ne jamais l’avoir remarquée.

Fontaine de Françoise Bizette, 1982

La Restauration 2018 – 2020

En 2015, une habitante de la résidence, Solange Dorival réétudie l’historique de cette triste « fontaine », en 2017, l’association « Sèvres, Culture & Patrimoine » lance l’étude de faisabilité de sa restauration et conclut positivement à sa faisabilité:

  • Le fond de vasque avait été protégé par la terre de rosiers mais toute la bordure était à refaire
  • 5 « buses » sur 7 étaient cassées
  • Aucun système de recyclage d’eau n’existait, aucune électricité installée

L’équipe SCP prend en charge, d’une part, la restauration de l’« artistique » – elle fait appel à Frédéric Bodet pour le choix des personalités prenant en charge cette restauration difficile-, et, d’autre part, la faisabilité du recyclage de l’eau. La municipalité mandate GPSO (Bertrand Vandamme) pour l’« industrialisation » de l’arrivée d’eau et du recyclage.

L’équipe SCP, est pilotée parValérie Delarue avec les conseils permanents des Hirlet
Ruben Alarcon-Renton relève les géométries des carreaux et motifs habillant la bordure, il en maquette la pose
Jean ClaudeGriesemann trouve le fournisseur qui accepte de créer, en géométrie spécifiques, les dalles de céramique non gélives nécessaires à la restauration durable. Il maquettera l’arrivée du recyclage d’eau
Rodrigo Iza reconstituera la bordure et ajustera la pose des motifs
Andrée et Michel Hirlet, en plus de leur conseils artisitiques, reconstitueront les teintes d’émail d’origine et recréeront les « buses » détruites.

« Sèvres Culture et Patrimoine » remercie sincèrement ceux qui ont épaulé l’équipe, l’ont conseillée, parfois travaillé avec elle, voire soutenu financièrement :

  • Frédéric Bodet, chargé de la céramique contemporaine à la Cité de la Céramique
  • Andrée et Michel Hirlet, céramistes réputés, élèves de Françoise Bizette
  • Valérie Delarue, Chef de Projet de la Restauration, résidente à la Cité de la Céramique
  • Rémy Wahl, Directeur Régional du Crédit Agricole, en mécénat

A la demande de la municipalité de Sèvres, GPSO a fait créer le branchement électrique qui anime l’approvisionnement en eau et, son recyclage et confié à Terideal (M. Sylvain Mastin) la réalisation et l’automatisation du circuit hydraulique.

Françoise Bizette, son ceuvre, sa pédagogie

Fontaine de Françoise Bizette, 1982
Fontaine de Françoise Bizette, 1982

Née le 10 mai 1914 à Lannion, Françoise Bizette débute ses études supérieures à l’École des Beaux-arts de Paris, sculpture et peinture. Elle suit également les cours de l’Écoledu Louvre. Diplomée professeur de dessin en 1939, elle partage son existence entre la création, en peinture, sculpture, céramique, etl’enseignement, auquel elle consacrera une grande énergie.

En 1950, elle est nommée au Lycée de Sèvres, lycée « pilote » qui encourage les innovations pédagogiques, elle y restera jusqu’à sa retraite, en 1974.
Dans le cadre des “classes nouvelles”, elle crée l’atelier de céramique de la section technique du lycée ; ses cours d’Histoire de l’Art sont reconnus comme de haut niveau. Sa démarche est novatrice : ses cours s’appuient sur l’analyse des reuvres: elle apporte ainsi à ses élèves une formation efficace de futurs plasticiens.

Parallèlement, elle crée une reuvre personnelle importante : depuis ses premières tables en céramique pour l’Élysée en 1946, la fontaine à Sèvres qui pourrait porterson nom etjusqu’au grand mural du gymnase de Sèvres en 1988, elle réalise une trentaine d’reuvres originales, commandées par l’État ou diverses collectivités publiques, travaux qui lui permettent une intégration architecturalede la céramique à l’échelle monumentale.

Elle meurt à Sèvres en 1996, sans descendance.

Parmi ses élèves, Mme Andrée Hirlet, est particulièrementactive : elle a réalisé, entre autres, le catalogue de sonreuvre, avec son mari, Michel Hirlet, et a orienté, par ses conseils les options de restauration de la fontaine de Sèvres, œuvre de Françoise Bizette.